Dans un article de son blog du Monde Diplomatique, Alain Gresh prend la lourde responsabilité de parler « d’imposture » à propos du 7° Congrès International des Victimes du Terrorisme qui se tiendra prochainement à Paris, signant un article assez emblématique de l’idéologie qui a entravé jusqu’ici la résistance de la société civile au terrorisme.
Celui-ci est pourtant bien un problème planétaire. Qu’on en juge par ces bilans terribles qui ne retiennent pas l’attention de Monsieur Gresh : d’avril à juin 2011, 1865 civils ont été tués dans le monde, délibérément visés par des actes terroristes et 3954 civils ont été blessés. La grande majorité de ces victimes sont musulmanes et la très grande majorité des attentats ont été commis par des islamistes.
Le déni de cette double réalité est, tout comme la justification des actes terroristes, porteur du développement mortifère du terrorisme. La mansuétude envers les auteurs et commanditaires de tels actes suscite de nouvelles vocations, les attentats d’Oslo en sont l’illustration tragique.
Tout comme Alain Gresh, l’ONU a des difficultés à admettre une définition universelle du terrorisme.
En vain le Comité Ad-Hoc mis en place en 1996 se réunit-il chaque année. Sa quinzième session en avril dernier à New York a échoué comme les précédentes. Non que la tâche soit difficile, les choses sont fort simples au contraire : il s’agit de condamner de façon universelle et inconditionnelle tous les actes terroristes qui visent délibérément des civils, en particulier le recours aux attentats dits « suicides ». Pourquoi alors cette incapacité de l’ONU ? Parce que l’Organisation de la Conférence Islamique (57 pays) exige d’établir la distinction de principe entre le terrorisme et le combat pour l’auto-détermination des peuples sous occupation étrangère et domination coloniale.
Toute définition objective basée sur la nature des actes commis est donc rejetée au profit d’une définition subjective entachée de choix idéologiques. Dans cette approche relativiste, les mêmes actes objectifs (attentats visant des civils) seront donc qualifiés, selon leur contexte, d’actes terroristes ou bien d’actes de résistance.
C’est là une défaillance majeure face au terrorisme, à l’image de l’impuissance générale de l’ONU et dans laquelle des experts et des spécialistes comme Alain Gresh ont une grande part de responsabilité.
Comment Monsieur Gresh ose-t-il nous resservir l’argument éculé des nazis qui qualifiaient de terroristes la Résistance française ? Comparaison insultante si l’on s’en tient aux seuls faits ! Les Résistants français en lutte contre l’occupant nazi ont-il jamais envoyé des gens faire sauter des foules de femmes et d’enfants ? Les nazis et leurs collaborateurs nommaient les résistants terroristes, et alors ? Ahmadinejad, Bachar El Assad et Kadhafi, trois grands pourvoyeurs de terrorisme et parrains d’organisations terroristes traitent eux aussi de terroristes leurs opposants qu’ils mitraillent, bombardent et exécutent. A nous de savoir séparer la paille des mots du grain des choses.
A nous de refuser d’opposer les victimes entre elles. Victimes de génocide et victimes d’actes terroristes ont également droit à la reconnaissance et à la justice.
Aujourd’hui, la justice internationale peut poursuivre des dirigeants et individus accusés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Les faire comparaître est une autre affaire comme on le voit avec El Beshir, le toujours Président du Soudan. Mais les crimes de terrorisme sont, eux, exclus du champ de compétence de la Cour Pénale Internationale. Ceci garantit aux commanditaires d’attentats, « suicides » ou autres, une impunité dont Monsieur Gresh semble fort bien s’accommoder.
Faudrait-il pour lui complaire bâillonner les victimes du terrorisme ou les trier selon leur nationalité et la justesse réelle ou supposée de la cause au nom de laquelle elles ont été frappées ?
Faut-il le laisser bouter hors de l’humanité celles qui n’ont pas à ses yeux la bonne nationalité ou la bonne histoire, quelle que soit l’horreur du crime subi ?
Ne faut-il pas au contraire balayer ces obstacles idéologiques et tout faire pour débarrasser le monde d’un insidieux soutien moral au terrorisme, en réaffirmant que les valeurs universelles s’imposent à tous ?
Un combat qui ne peut ni ne doit reposer sur les seules épaules des victimes du terrorisme mais qui concerne toute la société civile, tout entière cible potentielle.
Cela suppose d’accepter d’entendre sans censure la parole spécifique des victimes du terrorisme mais aussi de ne pas les isoler.
Huguette Chomski Magnis
Secrétaire Générale du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme
Coordinatrice du Collectif Contre le Terrorisme
Nous évitons à tout prix d’appeler le choc des civilisations par son nom, au cas où cela soulèverait la paupière de la Bête. Mais il ne faudrait pas qu’à force de miser sur une méthode Coué n’ayant pas encore démontré de son efficacité en politique des masses médiables, pas plus là d’ailleurs qu’entre politiques où les langues de bois ne se fient pas aux discours mais aux lapsus révélateurs des langues de chair, l’idée qu’il serait dangereux de dire l’incompatibilité de certaines civilisations ne se transforme par insidiosité en idée qu’il serait dangereux de le penser. Or la résistance est fondée à s’établir lorsqu’une minorité privée d’une armée régulière décide de partir en guerre bon an mal an contre ce qu’elle considère qui est un état de siège, quand bien même il s’agirait d’un État de droit. Que du point de vue de ce dernier, cette minorité constitue l’entité délinquante absolue, je ne vois pas qu’on puisse s’en étonner. Que cette entité utilise les mots qu’elle veut pour s’identifier à son projet, comment lui en vouloir? Reste à savoir si les acteurs de ce combat, de cette guerre en quelque sorte «civile», sont disposés à voir les yeux dans les yeux de quoi il retourne entre eux. Enfin, le mode opératoire terroriste basé sur la destruction aveugle de personnes civiles et par conséquent, désarmées… Cela selon qu’on se trouve dans un camp ou dans l’autre n’est pas de nature à posséder la même signification morale. Si le terrorisme nous démoralise en même temps qu’il galvanise ses auteurs, c’est largement dû au fait que le projet politique des uns est diamétralement opposé au projet politique des autres. Ceci explique que nous, universalistes, ne puissions que nous y opposer. Certains comme Gresh recourront à tous les moyens rhétoriques voués à nous entuber le cortex mais ceux d’entre nous qui savons de quoi il est question resteront conscient de ce que ces hommes et femmes tiennent nos Lumières dans leur viseur. La vie d’un ou plusieurs ou pléthore d’enfants, de femmes, et d’hommes innocents, – si! Si! HOMMES, vous avez bien entendu quand même il semble que les hommes soient toujours un petit peu responsables de ce qui leur arrive au Trade Center, à la gare de Madrid, dans un bus de Londres, sur une place d’Islamabad, ou à une terrasse de Marrakech, – la vie de civils innocents, dis-je, symbolise avec exactitude la cible que souhaite atteindre l’armée des civilisations recourant à ce type d’attaque. Eh oui! le civil représente la quintessence de la civilisation. Et les civilisations terroristes ont en commun d’être animées par l’ardent désir d’établir «des» civilisations non seulement totalitaires, mais planétaires. C’est donc bien la civilisation dans son cœur même, la civilisation qui leur fait face partout où elles ne s’y retrouvent pas, que chacune d’elles veut réduire à néant. Bien sûr, les civilisations terroristes s’annuleraient les unes les autres en se réalisant, mais ce genre de difficulté ne pose pas de problème à leurs alliées temporaires chinoises (Béchir), russes (Haniyeh) ou vénézuéliennes (Ahmadinejad) qui auront tout le temps de se retourner les unes contre les autres une fois franchie la première étape de nettoyage mondial. Rien de tout cela n’empêchera jamais que la conception essentialiste soit, fût et se condamne à être encore demain une imposture caractérisée, sinon caractérielle. Un Papou n’aura jamais été papou avant qu’un Papou ne lui ait délibérément attribué une forme conforme à la sienne, et que le fil des jours n’ait traversé papoueusement chaque événement de sa vie, le signifiant comme l’insignifiant.
Les victimes du terrorisme de l’OTAN en Libye sont-ils admin ?
Et si vous citez Ahmadinejad, Bachar El Assad et Kadhafi, pouquoi ne pas citer Cameron, Obama et Sarkozy ? L’assoc Mouvement pour la Paix et contre le terrorisme trie les victimes selon leur bourreau, seuls les victimes du terrorisme dit islamique, financé par l’Arabie Saoudite en général, grand allié de Washington, ne sont même pas reconnues.
Alain Gresh a raison.